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SIMONE VEIL


Dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale


Simone Veil a exprimé avant tout le monde l'inquiétude et l'extrême méfiance que lui inspiraient les premières lois allemandes à l'encontre des juifs. "J'avais une peur terrible de la guerre, une sorte d'intuition, précoce et exacerbée". Sa sœur aînée Milou lui rappellera plus tard, "Tu étais la seule à pressentir ce qui allait arriver".

"C'est vrai", dit-elle, admettant un instinct, une lucidité, une force aussi qui, plus tard, l'aideront à traverser l'épreuve de la déportation, la barbarie d'Auschwitz vécue avec Yvonne, sa mère, et Milou, puis la "marche de la mort"(1) en janvier 1945 vers Bergen-Belsen. Et le terrible retour en France, sans Yvonne, mais aussi sans son père et son frère disparus en Lituanie.

Sa pensée

C'est sur le socle de cette expérience-là, vécue entre 16 et 17 ans, que s'est construite celle qui, à elle seule, incarne en France à la fois la mémoire de la Shoah (2) et la foi dans l'Europe. Celle qui, depuis 1945, se sait "dénuée de toute illusion", mais refuse le pessimisme et "le masochisme d'intellectuels" sur la banalité du mal.

"Trop commode ! Dire que tout le monde est coupable revient à dire que personne ne l'est ". Et qui dénie son statut d'icône à Hannah Arendt, l'auteur de ce concept de "banalité du mal", coupable à ses yeux de "noyer la responsabilité nazie dans une responsabilité si impersonnelle qu'elle finit par ne plus rien signifier". C'est oublier les Justes, dit-elle, qui ont pris tous les risques pour sauver des juifs et "prouvent que la banalité du mal n'existe pas".



Sans illusion, Simone Veil. Mais avec ce sentiment, commun aux rescapés, que chaque minute de vie est "du rab", que les biens et la richesse matériels ne sont que des broutilles. Avec une sensibilité extrême à tout ce qui génère humiliation et abaissement de l'autre, elle évoque toujours avec passion son travail en faveur des prisonniers lorsqu'elle était magistrate à l'administration pénitentiaire ; avec une détestation viscérale de la promiscuité et un attachement si fort à l'indépendance qu'elle renâclera toute sa vie à s'inscrire dans un parti politique, préférant un cavalier seul discret, plus conforme à son attirance pour "le politiquement incorrect".


BIOGRAPHIE

Simone Jacob est née à Nice en 1927

Déportée le 13 avril 1944 à Auschwitz-Birkenau en Pologne

Elle rentre en France le 23 mai 1945 et se marie en Octobre 1946 à Antoine Veil

Nommée ministre dans la période de 1974 à 2007

Élue à l’Académie française en novembre 2008

(1): Les marches de la mort eurent lieu à la fin de la Seconde Guerre mondiale lorsque les Alliés se rapprochaient des camps de concentration et d'extermination allemands. Les SS firent évacuer les occupants, en majorité juifs, de ces camps, dont Neuengamme et Auschwitz, afin de poursuivre le processus de concentration en Allemagne et le dissimuler aux yeux des Alliés. Les prisonniers, juifs ou non, déjà affaiblis par le travail, les privations ou les maladies risquaient la mort au cours de ces marches de transfert d'un camp vers un autre.

(2): Terme par lequel on désigne l'extermination d'environ six millions de Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale

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