La valise des victimes du nazisme
"Notre valise est un paradoxe"
"Avec quoi la remplir puisque « déshumaniser » un individu c’est lui ôter tout ce qui fait sa personnalité, son identité, sa fierté, son humanité ; c’est lui ôter son nom et prénom, ses biens, le séparer de sa famille et de ses amis, l’affamer, l’asservir par le travail, le traiter comme du bétail, l’empêcher de s’exprimer et de communiquer, le manipuler, le priver de tous ses droits, l’enfermer, jusqu’au moment où il creusera sa propre tombe. La souffrance passait par l’humiliation permanente. Il ne devrait donc y avoir rien dans cette valise. RIEN !!! Mais l’Histoire, nos cours d’Histoire, les témoignages, les sorties scolaires ont contribué à alimenter notre réflexion.
Ainsi nous avons pu remplir notre valise. Celle-ci contient des mots, des documents historiques (presse d’époque, textes de loi, affiches) collés dans un carnet en cuir. Ils illustrent les parcours de deux femmes aux destins singuliers. Nous avons voulu mettre en avant leur courage, leur obstination, leur résistance face à des épreuves inhumaines. Certains des documents-image ou texte– sont présentés en les occultant par un calque brouilleur d’image évoquant tour à tour, la fumée, le barbelé, la rayure qui symboliseront la difficulté de préserver cette mémoire. Nous avons pour cela, utilisé la technique du frottage en nous inspirant des travaux de Max Ernst.
"Notre façon de participer au travail de mémoire"
Ces documents sont aussi accompagnés de citations de ces adolescentes au moment de la Shoah. Elles sont lues par les élèves et diffusées par un lecteur audio. Sur la couverture du carnet, sont gravés leurs numéros de déportées.
La valise contient également des objets de mémoire ou des objets déclencheurs de mémoire (fil barbelé, lunettes brisées…).
Cette valise est notre façon de participer au travail de mémoire. Il faut raconter l’histoire de ces vies même si nous n’avons que des bribes. Si nous ne faisons pas ce travail nous nions l’homme à notre tour."
